Vous trouverez ci-dessous l’intervention de la secrétaire de l’UD lors du rassemblement du 1er Mai
Camarades,
Ce premier mai est l’occasion de renouer avec une de nos traditions, celle de nous retrouver devant la stèle de Ludovic Ménard, syndicaliste ardoisier des mines de Trélazé, signataire de la Charte d’Amiens, fondement de notre syndicalisme.
Si on peut regretter que cette année il n’a pas été possible d’organiser un premier mai commun avec nos partenaires syndicaux, la responsabilité en incombe à la CGT qui a refusé d’amender un texte à prendre ou à laisser, écrit sans aucune discussion avec nous où nous ne retrouvions aucune de nos revendications traditionnelles : la preuve, l’UNSA en est signataire.
En effet, il est des moments où, plus que jamais, nous devons réaffirmer combien l’indépendance syndicale et la clarté dans les revendications sont d’impérieuses nécessités pour aider les salariés revendiquer, à combattre les attaques portées à leurs acquis sociaux, à leurs libertés.
Avant d’en venir à la situation dans notre pays, il est important de se souvenir que le 1er mai est une journée internationale de solidarité entre tous les travailleurs.
Le 1er mai demeure un symbole de l’engagement syndical : celui de la solidarité ouvrière, du refus de l’exploitation, de l’aspiration à l’émancipation individuelle et collective, de l’action collective et de l’internationalisme.
C’est aussi un engagement pour la paix.
Et ce premier mai, plus que d’autres ces dernières années, est placé sous le signe des appels à la paix alors que la guerre en Ukraine se poursuit depuis plus de 2 mois avec, chaque jour, la révélation de nouvelles horreurs, atrocités, que subissent tant d’hommes, femmes, enfants, familles entières.
Ne nous laissons pas gagner par la fatalité, la résignation… Clamons toujours haut et fort notre aspiration à l’arrêt de tous les conflits, de la guerre, notre aspiration à la paix.
La solidarité ouvrière à chaque fois qu’elle peut être sollicitée répond présente, quand où que ce soit dans le monde, la paix, la démocratie, la liberté, mais aussi le syndicalisme, l’action syndicale, sont menacés ou réprimés. C’est ainsi que Force Ouvrière avec les autres confédérations dans une déclaration commune ont réaffirmé avec force le préambule de la constitution de l’OIT (Organisation internationale du travail) affirmant qu’une paix universelle et durable ne peut être fondée que sur la justice sociale.
La solidarité internationale ne s’est pas limitée à l’Ukraine. En lien cependant avec cette situation, nous venons d’apprendre l’arrestation de militants syndicalistes en Biélorussie, et avons fait part avec la CSI de notre protestation. De même nous apportons tout notre soutien à la population russe qui manifeste pour l’arrêt des combats en Ukraine malgré la répression et les menaces d’emprisonnement.
Dans d’autres régions du monde, cette solidarité est nécessaire. Toujours avec Hong Kong et avec la Birmanie… avec l’Afghanistan. Nous ne pouvons rester silencieux sur la répression dont ont été victimes nos Camarades en Guadeloupe et en Martinique lors des grèves et des manifestations contre le pass sanitaire. En particulier nous réaffirmons notre totale solidarité et notre soutien à Elie Domota, ancien secrétaire général de l’Union Générale des Travailleurs de Guadeloupe, porte-parole du LKP encore une fois trainé devant le tribunal correctionnel alors que tout indique que les faits qui lui sont reprochés sont une provocation policière.
La discrimination syndicale ce n’est pas seulement dans les DOM-TOM ou hors de nos frontières, mais trop souvent encore dans les entreprises y compris dans notre département.
Après 2 années de crise sanitaire, nous ne pouvons oublier que nous sommes toujours dans un régime d’état d’urgence qui permet au gouvernement de prendre des mesures liberticides, des mesures de dérogation au Code du travail et au Statut de la fonction publique.
En cinq années, le gouvernement a passé une vingtaine de lois et décrets portant atteinte à nos libertés, notamment syndicales, sous prétexte soit du terrorisme pour la moitié, soit de la crise sanitaire pour l’autre moitié !
Quant aux décisions prises au sujet de la crise sanitaire, elles le sont dans le plus grand secret au sein d’un conseil de défense, organe soumis au « secret défense », donc protégeant ses participants de toute poursuite judiciaire.
Tous les salariés, les retraités, les privés d’emploi sont confrontés aux répercussions de la guerre sur leur vie quotidienne. Les populations en subissent déjà les conséquences, les moins favorisés surtout confrontés à l’augmentation des prix, aux difficultés d’approvisionnement en biens et alimentation essentiels.
Les prix continuent d’augmenter, sur les étals des supermarchés, à la pompe, sur nos factures de gaz, de fioul ou d’électricité. Les prix du pétrole, du gaz, mais aussi du blé et de nombreuses matières premières s’affolent !
Le niveau d’inflation a de nouveau provoqué une augmentation automatique du SMIC. 40 euros bruts à partir de ce 1er mai. Elle sera vite absorbée.
Dès l’automne, Force Ouvrière avait demandé un coup de pouce significatif sur le SMIC et sur le point d’indice de la fonction publique et appelé à l’ouverture des négociations salariales dans les branches et dans les entreprises.
Dans tous les secteurs, de nombreux conflits ont été engagés par ou avec nos syndicats dans des entreprises pour exiger des augmentations de salaire pour exemple, groupe VyV, Harmonie ambulances, VALEO, Territoriaux, etc.
Comment ne pas être révolté par l’envolée des résultats des entreprises du CAC 40 alors que dans le même temps la négociation salariale peine à aboutir, que le point d’indice est gelé et que les entreprises bénéficient des aides de l’état et d’exonération de cotisations sociales ?
137 milliards d’euros, voilà le montant engrangé par les entreprises du CAC 40 en pleine pandémie. C’est un record historique !
Les 5 Français les plus riches possèdent désormais autant que 27 millions de personnes, soit 40 % de la population française qui, elle, doit survivre avec moins de 1000 euros par mois.
Alors oui il y a urgence à bloquer les prix des produits de consommation courante, à augmenter tous les salaires, les pensions de retraite et les minimas sociaux.
Camarades, après l’élection du président de la République avec une majorité toute relative, la campagne pour les législatives va s’ouvrir. Retraites, dialogue social, assurance chômage, les sujets vont être nombreux… Si de nombreux commentateurs se sont félicités que les questions sociales soient au centre de cette élection, les déclarations de l’ex-candidat, désormais actuel président, notamment en matière de salaires ou de retraites sont particulièrement inquiétantes !
Pour FO, reculer l’âge de la retraite à 65 ans c’est inacceptable : 62 ans et 43 années de cotisations c’est déjà beaucoup trop !
C’est inacceptable, car le recul de l’âge de la retraite aura comme seul effet de baisser globalement le niveau des pensions alors que le seul effet des réformes passées — qui sont déjà très pénalisantes pour les salariés (recul à 62 ans et allongement de la durée de cotisation à 43 ans, désindexation des pensions des salaires) — conduira selon différentes projections à l’horizon 2070 à une baisse de 2 points de PIB du niveau global des pensions.
C’est inacceptable, car cela obligera un grand nombre de salariés à prolonger leur carrière pour ceux qui sont encore en activité et cela contraindra tous les autres (un salarié sur deux n’est déjà plus en emploi à 60 ans) à rester plus longtemps dans la précarité, à trouver un revenu de substitution dans l’indemnisation chômage, la préretraite, l’invalidité ou pire, les minima sociaux. Et pas d’illusions ! Celles et ceux concernés par les carrières longues ou la pénibilité devront partir plus tard avec un tel projet.
Ne nous trompons pas sur la volonté d’Emmanuel Macron d’aller au bout de cette réforme. Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, a reconnu qu’il ne peut pas donner la garantie que le gouvernement ne recourra pas au 49-3.
Nous n’acceptons pas un tel projet. Nous jetterons toutes nos forces contre une telle réforme, pour son retrait, comme nous l’avons fait contre la retraite à points, ce qui a contraint le gouvernement à la retirer !
Camarades, nous ajouterons à cette revendication, l’exigence de l’augmentation générale des salaires et des pensions de retraite ; la défense de la sécurité sociale, elle aussi dans le viseur du gouvernement ; la transformation de Pôle emploi en agence France Travail ; la défense des services publics, de l’hôpital public, du service public de l’Éducation nationale.
La défense et la reconquête des services publics est déterminante pour l’avenir et pour l’égalité de droits entre tous les citoyens. Il ne doit pas y avoir de fracture entre les citoyens des villes et des campagnes.
Doit-on comprendre que c’est la finance qui gouverne ? En effet, c’est par centaines de milliards d’euros que les entreprises ont été « arrosées » pendant la crise sanitaire en plus de ce qu’elles touchaient déjà d’aides publiques. De plus, on a su trouver des dizaines de milliards d’euros pour guerre. Et il n’y aurait rien pour les services publics ?
Les salariés ne veulent pas payer la crise sanitaire, pas plus qu’ils ne veulent payer la guerre. Comme l’a dit Yves Veyrier, notre secrétaire général, le « quoi qu’il en coute » ne doit pas devenir le « quoi qu’il en coute aux salariés ».
Ce combat pour faire aboutir nos revendications, nous devons le mener sans céder aux pressions d’où qu’elle vienne ! Le dernier CCN de Force Ouvrière l’a rappelé avec force : Nous ne céderons pas à l’union nationale que recherche le président de la République pour faire passer ses réformes, pour imposer la régression sociale qui engendre la misère et la précarité !
FO ne sera jamais le supplétif d’un gouvernement, quel qu’il soit !
De tout cela, nous discuterons lors de notre prochain congrès confédéral. C’est un rendez-vous important. C’est un moment essentiel du débat démocratique entre délégués, porteurs du mandat et des aspirations des adhérents.
Nous échangerons librement, âprement, mais fraternellement !
Nous débattrons de notre activité écoulée, de nos actions. Ce bilan servira de leçon pour les combats à venir. Nous débattrons de nos revendications du moment et pour les semaines, les mois, les années qui viennent.
Même si la période n’incite pas à l’optimisme, nous sommes syndicalistes, déterminés et confiants dans notre avenir ! Nous en ferons la démonstration collectivement — c’est notre responsabilité la plus importante.
Alors, mes Camarades, retroussons les manches ! Portons partout les revendications ! Renforçons partout nos syndicats. Construisons de nouvelles implantations partout où nous n’en avons pas !
Préparons le rapport de force dans l’unité la plus large des organisations dès que les conditions seront réunies !
Vive le syndicalisme libre et indépendant !
Vive la solidarité internationale des travailleurs !
Vive le 1er mai des revendications !
Vive l’union départementale du Maine-et-Loire !
Vive la confédération générale du travail — FORCE OUVRIERE !