Prise de parole de l’intersyndicale,
Rassemblement du 5 décembre 2020, Angers
Nous sommes plus de 1000 rassemblés à l’appel de la CFTC, de la CGT, de FO, de la FSU, de Solidaires de l’UNEF et UNL, avec toutes les autres organisations et associations présentes, et ce malgré la crise sanitaire, malgré une fois de plus, la volonté du préfet de nous interdire la place du Ralliement.
Les motifs invoqués ? Les prétendues difficultés d’assurer la sécurité du fait de l’affluence prévisible avec la réouverture des commerces.
Nous avons été reçus par le directeur de cabinet du préfet et avons réaffirmé que nous ne tairons pas nos revendications : la place du Ralliement est un lieu traditionnel des rassemblements revendicatifs et nous avons décidé d’y maintenir le rassemblement aujourd’hui.
Cette volonté préfectorale un sens très précis en cette période d’urgence sanitaire où le gouvernement s’arroge tous les droits : interdire que nous soyons « visibles » que l’on entende nos revendications.
Depuis le début de l’épidémie, le gouvernement s’est pris les pieds dans la crise sanitaire : scandale des masques, des tests, incapacité à prendre les mesures entre la première et la seconde vague avec comme conséquence la saturation des hôpitaux, la fermeture des commerces… Autant de signes de cette incapacité manifeste à gérer la crise.
Alors, il faut faire taire les voix qui s’élèvent contre une telle politique !
Voilà le sens de ces décisions. C’est pourquoi le préfet cherche à nous interdire la place du Ralliement. C’est pourquoi le gouvernement institue des règles qui s’attaquent à la liberté de se réunir, de manifester dans les conditions normales.
Et aujourd’hui, si le gouvernement est déterminé à passer cette loi dite « de sécurité globale » en force, c’est qu’elle constitue un point d’appui important pour réprimer toutes contestations contre sa politique de destruction de nos droits et garanties collectives, de nos droits sociaux.
La crise sanitaire est un prétexte pour de nouveaux plans de licenciements et de remise en cause des acquis sociaux. Ce qui se traduit par le développement du chômage, de la précarité, de la pauvreté et de la misère, notamment pour la jeunesse durement frappée par cette crise. Nos organisations considèrent que la sécurité c’est d’abord répondre aux exigences sociales des salariés et de la jeunesse au lieu d’enrichir les grands groupes.
Cette loi est rejetée par tous ! Elle suscite une opposition très large dans la société et à l’échelle internationale : la Ligue des Droits de l’Homme, la Libre Pensée, les syndicats de journalistes ou d’avocats, la défenseure des droits, la commission nationale consultative des droits de l’homme, le conseil des droits de l’homme de l’ONU, et même la Commission européenne.
Même l’ONU déclare le premier décembre :
« La proposition de loi française controversée sur la sécurité globale semble incompatible avec le droit international des droits de l’homme et devrait être révisée en profondeur… C’est un bon signe que les membres du Parlement aient déclaré qu’ils réécriraient l’article 24 visant à limiter la publication d’images de policiers, mais il faut aller plus loin et repenser l’objectif de la proposition de loi dans son ensemble… La simple réécriture de l’article 24 ne résoudra pas ses défauts et cette disposition n’est certainement pas la seule dans la proposition de loi qui porte atteinte aux droits de l’homme ».
Chers camarades, si même l’ONU indique que cette loi est liberticide, c’est dire à quel point elle porte atteinte aux libertés fondamentales.
Samedi 28 novembre, nous étions 4 000 manifestants à Angers, plus de 500 000 dans tout le pays à répondre à l’appel de nos organisations syndicales CFTC, CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF et UNL mais aussi de nombreuses autres organisations (Ligue des droits de l’Homme, Syndicats de journalistes, Amnesty International, Libre Pensée, Attac, Gilets jaunes et beaucoup d’autres…) contre ce projet de loi de « sécurité globale » et pour le respect des libertés collectives et individuelles.
Après cette journée, la crise au sein du gouvernement s’est approfondie, et pour tenter de calmer l’opposition grandissante, il se propose de réécrire complètement l’article 24.
Tous ensemble, nous qui sommes réunis ici, nous exigeons le retrait pur et simple de cette loi ! Certainement pas sa réécriture !
Nous, organisations syndicales, dénonçons :
- le transfert de compétences qui relèvent des missions de l’état aux policiers municipaux ou à des agents de sécurité relevant d’entreprises privées
- l’utilisation des drones qui pourrait conduire à la surveillance de la population et à la mise en cause de la liberté de se déplacer ou de manifester.
- Nous appelons à ce que soit mis fin à ce régime d’exception qu’est l’urgence sanitaire. En effet, il porte atteinte aux libertés fondamentales et individuelles y compris aux libertés syndicales et au droit du travail.
- Nous nous opposons à la remise en cause de l’état de droit
- Enfin, nous le réaffirmons : nous exigeons le retrait de cette loi de sécurité globale contraire aux principes républicains de liberté d’Égalité et de Fraternité.