Sous prétexte d’économies, le gouvernement veut s’attaquer aux indemnités journalières maladie
Après avoir envisagé de faire prendre en charge par les employeurs le coût des arrêts maladie courts, le gouvernement demande désormais aux interlocuteurs sociaux de trouver une solution pour en réduire le coût.
Premier acte : le gouvernement annonce qu’il veut transférer la charge d’une partie des IJ aux employeurs
Début août, le journal Les Échos avait indiqué que le gouvernement envisageait le transfert de la sécurité sociale vers les employeurs de quatre jours d’indemnités journalières pour les arrêts maladies de moins de huit jours.
Objectif : 900 millions d’euros « d’économies ».
Devant le tollé général, le gouvernement prétend reculer.
Deuxième acte, le gouvernement dit abandonner le projet…
Dans une interview au Journal du dimanche daté du 26 août, le Premier ministre est revenu sur ce projet.
Dans cette interview, Édouard Philippe indique qu’il « écarte l’hypothèse d’une mesure brutale de transfert vers les entreprises ».
… Mais y a-t-il vraiment recul du gouvernement ?
Pour autant, et en dépit de fortes critiques et d’une levée de boucliers aussi bien patronale que syndicale, le Premier ministre ne renonce pas expressément, puisqu’il a seulement écarté un transfert « brutal ».
Il demande désormais aux « acteurs du système » de « se mettre autour de la table pour trouver les moyens de contenir » les dépenses liées aux arrêts maladie, estimant que « c’est ensemble qu’il faut résoudre le problème ».
Pour qu’ils se chargent eux-mêmes de trouver une méthode pour que le transfert soit moins « brutal » ?
Autrement dit, comme pour l’ensemble de sa politique sociale, le gouvernement veut « associer » les interlocuteurs sociaux et faire en sorte qu’ils prennent en charge sa politique de destruction des acquis sociaux !
Pour le Premier ministre Édouard Philippe, les arrêts maladie sont des « congés » !
« En trois ans, le nombre de journées indemnisées est passé de 11 à 12 par an et par salarié du privé. C’est comme si notre pays avait instauré un jour de congé supplémentaire ! » a déclaré Édouard Philippe au JDD.
Si, si, vous avez bien lu : le Premier ministre assimile l’arrêt de travail à des « congés » !
On reconnaît là l’habituel cynisme de ce gouvernement pour qui les salariés sont, selon les termes mêmes du président de la République, des « fainéants » qui utilisent leurs droits à la sécu pour prendre des vacances !
La cause de l’augmentation des arrêts : le recul de l’âge de la retraite
Le coût des arrêts maladie est effectivement en forte hausse. Pour quelles raisons ? Selon un rapport de 2017 de l’Inspection générale des affaires sociales, l’explosion des dépenses d’indemnités journalières ces dernières années (+19 % sur la période 2010-2017) est surtout la conséquence « de la réforme des retraites de 2010 et du recul progressif de l’âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans ».
Voilà la véritable raison de l’augmentation des arrêts maladie.
La solution ? La reconquête de nos droits !
Comme l’indiquait Pascal Pavageau sur le perron de Matignon après qu’il a rencontré le Premier ministre à propos des retraites, FO est pour le retour de la retraite à 60 ans avec 37,5 annuités de cotisations.
À l’évidence, cela règlerait le problème de la croissance des arrêts maladie !